Monsieur le président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps.
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir.
Monsieur le président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens.
C'est pas pour vous fâcher,
Il faut que je vous dise,
Ma décision est prise,
Je m'en vais déserter.
Depuis que je suis né,
J'ai vu mourir mon père,
J'ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants.
Ma mère a tant souffert
Qu'elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers.
Quand j'étais prisonnier,
On m'a volé ma femme,
On m'a volé mon âme,
Et tout mon cher passé.
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes,
J'irai sur les chemins.
Je mendierai ma vie
Sur les routes de France,
De Bretagne en Provence
Et je crierai aux gens:
«Refusez d'obéir,
Refusez de la faire,
N'allez pas à la guerre,
Refusez de partir.»
S'il faut donner son sang,
Allez donner le vôtre,
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le président.
Si vous me poursuivez,
Prevenez vos gendarmes
Que je n'aurai pas d'armes
Et qu'ils pourront tirer.
Elle s'appelle Marie-France
Elle a tout juste vingt ans
Et elle vient d'épouser
Un inspecteur des finances
Un jeune homme très brillant
Qui a beaucoup d'espérances
Mais depuis son mariage
Chacun dit en la voyant
Bourrée de complexes
Elle a bien changé
Faut la faire psychanalyser
Chez un docteur pour la débarrasser
De ses complexes à tout casser
Sinon elle deviendra cinglée
Elle s'ennuie tout le jour
Dans son bel appartement
Et pour passer le temps
Elle élève dans sa baignoire
Des têtards, et le soir
Quand son mari est rentré
Elle préfère s'enfermer
Avec ses invertébrés
Bourrée de complexes
Elle est dérangée
Il n'y a rien à espérer
Il n'y a vraiment qu'à la laisser crever
Tout ça parce qu'elle a épousé
Un coquelicot déjà fané
Elle s'est inscrite au Racing
Pour y apprendre à nager
Les têtards, tôt ou tard
Ont fini par l'inspirer
Et là-bas, un beau soir
Elle a enfin rencontré
Un sportif, un mastard
Un costaud bien baraqué
Mais bourrée de complexes
Et tout a changé
Car il est venu vivre chez eux
Et le coquelicot soudain s'est senti mieux
Ayant repris toute sa vigueur
Il a enlevé le maître-nageur
Adieu, les complexes
Finis les complexes
Elle a changé de sexe
Tout est arrangé
Eh ! Toto ya t'il ton papa ?
L'est pas là papa
Eh ! Toto ya t'il ta maman ?
L'est pas là maman
Eh ! Toto ya t'il ton pépé ?
L'est pas là pépé
Eh ! Toto ya t'il ta mémé ?
Y est pas y est pas !
Eh ! Toto ya t'il ton tonton ?
Y est pas y est pas !
Eh ! Toto ya t'il ta tata ?
Y est pas y est pas !
S'il n'y a pas
Ni ton papa ni ta tata et caetera
Ah quel bonheur j' viens voir ta soeur
Oui
Car c'est bien la plus belle
La plus sensationnelle
La plus ceci celà et la plus, la plus...
Et tout ça
J'sais pas si tu t' rends compte
Mais dès qu'on la rencontre
On se dit :
"Ouh ! là là ! Ouh ! là là là ! tiens la voilà"
"Salut j' n' t'ai pas apporté de fleurs
Ca ne m'étonn' pas
Mais me voilà avec mon coeur
Ca ne m'étonn' pas
Et aussi avec mon scooter
Ca ne m'étonn' pas
Tous deux ne battent que pour toi
Tip tap, tip tap,
Laisse' moi te prendre dans mes bras
Bas les patt's bas les patt's
Laisse moi te faire un bisous là
Bas les patt's bas les patt's
Oh la vilain' si c'est comm' ça
J' vais voir ta bonn' la bell' Irma
Et je l'emmène au cinéma
Na !"
Car c'est bien la plus belle
La plus sensationnelle
La plus ceci celà et la plus, la plus...
Et tout ça
J'sais pas si tu t' rends compte
Mais dès qu'on la rencontre
On se dit :
"Ouh ! là là ! Ouh ! là là là ! Tiens la voilà
Salut Irma, tu viens au cinéma ?
Non !"
Ce soir au bar
De la gare
Igor hagard est noir
Il n'arrêt' pas de boir'
Car sa Katia, sa jolie Katia vient de le quitter
Sa Katie l'a quitté
Il a fait chou blanc
Ce grand duc avec ses trucs, ses astuces, ses ruses de Russe blanc
"Ma tactique était toc" dit Igor qui s'endort, ivre mort au comptoir
Du bar.
Un Russe blanc qu'est noir
Quel bizarre hasard se marr'nt
Les fêtards paillards du bar.
Car encore Igor y dort
Mais près d' son oreille
Merveille un réveil vermeil
Lui prodigue des conseils
Pendant son sommeil :
Tic tac tic tac
Ta Katie t'a quitté
tic tac tic tac
Ta Katie t'a quitté
tic tac tic tac
t'es cocu, qu'attends tu ?
Cuites toi, t'es cocu
T'as qu'à, t'as qu'à t' cuiter
Et quitter ton quartier
Ta Katie t'a quitté
Ta tactique était toc
Ta tactique était toc
Ta Katie t'a quitté.
Ôtes ta toque et troques
Ton tricot tout crotté
Et ta croute au couteau
Qu'on t'a tant attaqué
Contre un tacot cotté
Quatre écus tout compté
Et quittes ton quartier
Ta Katie t'a quitté
Ta Katie t'a quitté.
Tout à côté, des catins
décaties taquinaient un coker coquin,
Et d'étiques coquettes, tout en tricotant, caquettaient et discutaient et critiquaient
Un comte toqué, qui comptait en tiquant, tout un tas de tickets de quai
Quand tout à coup... Tic Tac tic...Drrrrrriiiiiiing...
"Oh matin quel réveil
Matin quel réveille-matin"
S'écrie le Russe blanc de peur
"Pour une sonnerie
C'est une belle sonnerie ! ..."
Marcel n'est pas ce qu'on appell'
Un intellectuel
Marcel, Marcel
Quand je l'appell'
Moi je l'appell' Marcel
Y n' répond pas, mais il approch'
De sa démarche gauch'
Et l'on peut voir
Dans son regard
Comme un' lueur d'intelligence
Il sait de quoi j'ai envie
Il n'est pas si bêt'
Il sait que c'est de son vi-
goureux corps d'athlèt'
Je pose ma main sur son gros bras que m'arriv'-t-il, ça fait tilt
Il me sussur' le curieux refrain
Tiens ! Voilà du boudin
Et puis en roulant les "R"
Oh, le grand nigaud
Il m' dit j' vais t' faire
L' fameux coup du légionnair'
Et du sable chaud
Dans la légion étrangèr'
J'aime son heureux caractèr'
Tout' ses affair's
Et c'est pour ça que
Je dis que l'amour,
Même sans amour
C'est quand même l'amour !
Comprend qui peut ou comprend qui veut !
Celles qui croient que mon Marcel
Ca n'est qu'un manuel
Elles connaiss'nt rien :
Y a pas qu' ses mains qui font des choses bien
Pis d'ailleurs moi j'ai pas le temps d' savoir qui est Marcel
Car mon Marcel
Il me harcèle
Marcel me harcèle
Marcel me harcèle
C'est comm' s'il avait devi-
né c' dont j'ai envie
J' dirais même qu'il a si vi-
goureux appetit
Qu' j' jurerais parfois qu'il a divi...
Qu'il a divinement
Fait tout ce qu'il faut faire pour mon con...
Oui, mon contentement.
Il sait de quoi j'ai envie.
Il n'est pas si bêt'
Il sait que c'est de son vi-
goureux corps d'athlèt'
J'aime son heureux caractèr',
Tout' ses affair's,
Et c'est pour ça que
Je dis que l'amour
Même sans amour
C'est quand même l'amour
Comprend qui peut ou comprend qui veut !
Si l'on ne voit pas pleurer les poissons
Qui sont dans l'eau profonde
C'est que jamais quand ils sont polissons
Leur maman ne les gronde
Quand ils s'oublient à faire pipi au lit
Ou bien sur leurs chaussettes
Ou à cracher comme des pas polis
Elle reste muette
La maman des poissons elle est bien gentille !
Ell' ne leur fait jamais la vie
Ne leur fait jamais de tartines
Ils mangent quand ils ont envie
Et quand ça a dîné ça r'dine
S'ils veulent prendre un petit vers
Elles les approuve des deux ouîes
Leur montrant comment sans ennuis
On les décroch' de leur patère
S'ils veulent être maquereaux
C'est pas elle qui les empêche
De s' faire des raies bleues sur le dos
Dans un banc de peinture fraîche
J'en connais un qui s'est marié
A une grande Raie publique
Il dit quand elle lui fait la nique
"Ah ! Qu'est-ce que tu me fais, ma raie !"
La maman des poissons elle a l'oeil tout rond
On ne la voit jamais froncer les sourcils
Ses petits l'aiment bien, elle est bien gentille
Et moi je l'aime bien avec du citron
LA MAMAN
DES POISSONS
ELLE EST BIEN GENTILLE !